Le dysfonctionnement cognitif du chien
Écrit par Beverley M. Wils, Daniel S. Mills
La démence canine devient de plus en plus fréquente à mesure que la population canine vieillit. Cet article passe en revue les signes, le diagnostic différentiel et le traitement de cette affection.
Article
Points clés
Le dysfonctionnement cognitif canin (DCC) est un problème fréquent chez les chiens âgés mais une bonne prise en charge peut améliorer le bien-être des chiens et des propriétaires.
Le pronostic du DCC est amélioré par une identification et une intervention précoces.
De nombreuses affections ressemblent au DCC ; il est donc important de procéder au diagnostic différentiel et de repérer les comorbidités éventuelles lors de l’évaluation du cas.
Le traitement le plus efficace du DCC consiste à associer plusieurs approches thérapeutiques, incluant des modifications environnementales et alimentaires, ainsi que la distribution de nutraceutiques.
Présentation et étiologie
Le DCC est une affection sénile et se manifeste donc chez les chiens âgés ; il est généralement remarqué à partir de l’âge de 11 ans, bien que cela varie en fonction du format du chien et de l’espérance de vie théorique dans sa race. Certaines études indiquent que le DCC est plus souvent observé chez les femelles [1]. Ce sont pourtant les chiens mâles castrés et les chiens de petite taille qui seraient les plus susceptibles de présenter des signes de DCC, et l’état des chiens castrés pourrait se détériorer plus rapidement [6].
Les signes comportementaux du DCC sont souvent résumés par l’acronyme DISHA [7] mais les acronymes DISHAA et DISHAAL peuvent également être utilisés, le A supplémentaire renvoie à l’anxiété ou l’apathie, et le L à l’apprentissage (Learning) [7],[8]. Quel que soit l’acronyme choisi, il faut comprendre que dans de nombreux cas, les problèmes sont aussi largement dus à des facteurs émotionnels liés au tempérament, à l’humeur et aux réactions émotionnelles immédiates : en plus des réactions d’évitement classiquement associées à l’anxiété, on observe par exemple des états dépressifs, une faible tolérance à la frustration ou une recherche accrue d’attention. Le Tableau 1 liste les signes classiques de DISHA et les nuances importantes à prendre en compte. Au cours des premiers stades, les signes observés chez les chiens sont très variables, aucun schéma cohérent n’est évident [9], et la détection précoce peut donc être délicate. Le DCC est cependant une maladie évolutive et d’autres signes apparaissent généralement au fil du temps, ce qui signifie qu’il est utile de mettre en place un suivi dès l’apparition du premier signe, même si le diagnostic n’est pas posé à ce moment-là. En pratique, de nombreux propriétaires demandent l’aide du vétérinaire seulement quand certains signes deviennent problématiques pour le chien ou pour eux-mêmes. C’est par exemple le cas lorsque le chien perd soudainement une aptitude acquise auparavant (comme le rappel), devient malpropre (Figure 2), interagit significativement moins avec ses propriétaires ou se réveille la nuit. Le propriétaire a alors tendance à se concentrer sur le problème de comportement mais il doit comprendre que la situation est plus complexe, à cause du rôle potentiel des changements neurodégénératifs qui sous-tendent le DCC. On ne saurait trop insister sur l’importance d’une anamnèse approfondie lors des consultations car de nombreux propriétaires ne sont pas conscients des signes liés au DCC, ou ignorent qu’ils peuvent être traités, supposant souvent que les altérations observées font partie du processus inéluctable du vieillissement. Les bilans de santé des chiens âgés et les consultations de routine (pour les vaccinations, par exemple) sont autant occasions d’interroger activement le propriétaire à propos d’éventuels signes de DCC.
Tableau 1. Principaux signes de DCC avec des exemples et le diagnostic différentiel à envisager.
Signes majeurs (DISHA) | Exemples | Diagnostic différentiel |
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Désorientation |
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Interactions altérées en relation avec des stimuli sociaux |
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Sommeil/veille modifiés |
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Malpropreté (House soiling) |
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Activité modifiée |
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Le DCC est considéré comme un modèle de la maladie d’Alzheimer chez l’homme et il n’est donc pas étonnant que la maladie ait été étudiée de manière approfondie [10]. Les changements observés dans le cerveau des chiens atteints de DCC incluent une réduction de la masse cérébrale et du volume du lobe frontal, une atrophie corticale, une baisse de la densité neuronale, une augmentation de la taille des ventricules et le dépôt de plaques de bêta-amyloïde [7]. Chez l’homme atteint de la maladie d’Alzheimer, des fibrilles de protéine tau sont également présentes, mais cette observation est plus classiquement faite chez le chat (qui en revanche ne présente pas les plaques amyloïdes similaires à celles trouvées chez l’homme et le chien). Étant donné que les lésions sont irréversibles et que leur origine n’est pas bien établie, le processus pathologique ne sera pas détaillé ici.
Diagnostic du DCC
Le diagnostic du DCC est un diagnostic d’exclusion et il n’existe pas de test diagnostique ante mortem de certitude. Une suspicion sera établie sur la base des informations fournies par le propriétaire, après exclusion des autres maladies pouvant être responsables des mêmes signes cliniques [4]. Compte tenu des signes présentés, le diagnostic différentiel doit envisager de nombreuses hypothèses (Tableau 1) ; une présomption clinique de DCC repose beaucoup sur le témoignage des propriétaires et, pour faciliter l’obtention rapide d’informations cohérentes et exhaustives, divers questionnaires de dépistage sont disponibles [11]. Certains d’entre eux peuvent être remplis par le propriétaire ; la grille d’évaluation du DCC Certains d’entre eux peuvent être remplis par le propriétaire ; la grille d’évaluation du DCC [12] peut être remise au propriétaire afin qu’il la remplisse avant la visite et les résultats seront discutés au cours de la consultation (voir Encadré 1). D’autres questionnaires sont à remplir pendant la consultation, comme le score ARCAD (age-related cognitive and affective disorders) [13].
Encadré 1. Grille d’évaluation du dysfonctionnement cognitif canin (d’après [12]).
• QU’EST-CE QUE LE DYSFONCTIONNEMENT COGNITIF CANIN ?
Le dysfonctionnement cognitif canin (DCC), ou démence canine, est un syndrome lié à l’âge qui se manifeste par des changements de comportement. Il affecte généralement les chiens âgés de plus de 8 ans mais il est plus fréquent à un âge avancé : plus de 30 % des chiens âgés de plus de 14 ans seraient touchés par cette maladie. Les comportements potentiellement affectés sont les suivants :
- les cycles de sommeil et de veille,
- l’alimentation et l’abreuvement,
- la conscience de l’espace et l’orientation,
- l’apprentissage et la mémoire.
• COMMENT SAVOIR SI VOTRE CHIEN PRESENTE UN DCC ?
Ce questionnaire est un outil d’évaluation conçu pour identifier de potentiels symptômes de DCC. La présence d’un nombre suffisant de symptômes suffisamment graves peut indiquer que votre chien présente un DCC. Il est cependant important de rappeler que d’autres maladies peuvent également provoquer des symptômes similaires ; votre chien devra être attentivement examiné par un vétérinaire avant qu’un diagnostic définitif ne soit posé.
• LA GRILLE D’EVALUATION
Pour remplir le questionnaire, sélectionnez la réponse la plus appropriée pour chaque question en la cochant dans les cases prévues à cet effet. Ne cochez qu’UNE SEULE réponse par question/ligne. Pour répondre au mieux à chaque question, basez-vous sur le comportement actuel de votre chien ou sur les changements intervenus dans son comportement au cours des six derniers mois.
IMPORTANT : Si votre chien n’exprime jamais un comportement donné aujourd’hui, et qu’il ne l’exprimait pas non plus il y a 6 mois, cochez LA MÊME réponse dans les questions relatives au changement.
Pour déterminer la note de votre chien, inscrivez le chiffre correspondant à celui inscrit dans la colonne de la réponse que vous avez sélectionnée dans la case située à droite de chaque question. Par exemple : Si votre chien regarde fixement les murs ou le sol « une fois par semaine », il obtient une note de 3 à cette question. S’il est inscrit « x 2 » ou « x 3 » à côté de la note, vous devrez multiplier le nombre inscrit dans la colonne de la réponse que vous avez sélectionnée par 2 ou 3 pour obtenir le score final. Par exemple : s’il arrive « un peu plus » qu’il y a 6 mois à votre chien de ne plus reconnaître les personnes ou les animaux familiers, il obtient une note de 4 pour cette colonne, mais celle-ci sera multipliée par 3 pour obtenir un score final de 12 à cette question.
• RESULTAT
À la fin, additionnez toutes les notes et inscrivez le total en bas. Si votre chien a obtenu une note de 50 ou plus, le risque de CDD est réel chez lui et vous devriez consulter votre vétérinaire à ce sujet. Si votre chien a obtenu une note comprise entre 40 et 50, vous devrez le réévaluer dans six mois pour évaluer les changements.
NOTE PAR COLONNE | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | TOTAL | |
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Jamais | Une fois par mois | Une fois par semaine | Une fois par jour | > Une fois par jour | |||
À quelle fréquence votre chien fait-il des allers-retours, tourne-t-il en rond ou se promène-t-il sans direction ni but ? | |||||||
À quelle fréquence votre chien fixe-t-il les murs ou le sol d’un air absent ? | |||||||
À quelle fréquence votre chien reste-t-il bloqué derrière des objets et est-il incapable de les contourner ? | |||||||
À quelle fréquence votre chien ne reconnaît-il plus les personnes ou les animaux familiers ? | |||||||
À quelle fréquence votre chien se heurte-t-il à des murs ou à des portes ? | |||||||
À quelle fréquence votre chien s’éloigne-t-il si vous le caressez ou évite-t-il de l’être ? | |||||||
Jamais | 1-30 % du temps | 31-60 % du temps | 61-99 % du temps | Toujours | |||
À quelle fréquence votre chien a-t-il du mal à trouver la nourriture tombée par terre ? | |||||||
Bien moins | Un peu moins | Pareil | Un peu plus | Beaucoup plus | |||
Par rapport à il y a 6 mois, votre chien fait-il maintenant des allers-retours, tourne-t-il en rond ou se promène-t-il sans direction ni but ? | |||||||
Par rapport à il y a 6 mois, votre chien fixe-t-il maintenant les murs ou le sol d’un air absent ? | |||||||
Par rapport à il y a 6 mois, votre chien urine-t-il ou défèque-t-il maintenant dans un endroit qu’il respectait auparavant ? (Si votre chien n’a jamais fait ses besoins dans la maison, cochez « pareil ».) | |||||||
Par rapport à il y a 6 mois, votre chien a-t-il maintenant des difficultés à trouver la nourriture tombée par terre ? | x2 | ||||||
Par rapport à il y a 6 mois, votre chien ne reconnaît-il maintenant plus les personnes ou les animaux familiers ? | x3 | ||||||
Beaucoup plus | Un peu plus | Pareil | Un peu moins | Bien moins | |||
Par rapport à il y a 6 mois, le niveau d’activité de votre chien a-t-il évolué ? | |||||||
TOTAL |
Selon l’expérience des auteurs, la grille d’évaluation du DCC est facile à utiliser ; si le vétérinaire suspecte un DCC sur la base des informations obtenues lors d’une consultation de routine (par exemple lors de l’anamnèse effectuée pendant un rappel de vaccination), la grille sera remise au propriétaire afin qu’il la remplisse à domicile. Cela lui permet de réfléchir au vieillissement de son chien et ouvre la voie à une possible prise en charge proactive de ses conséquences.
Compte tenu de la probable sous-déclaration du DCC et de la possibilité d’apparition progressive de signes cliniques subtils, il est recommandé de faire remplir aux propriétaires de chiens âgés un questionnaire approprié tous les 6 mois. Cela permet de repérer tôt un éventuel DCC ; une intervention précoce améliore l’efficacité du traitement [12] car elle permet de faire la différence entre le déclin cognitif normalement associé au vieillissement, et un DCC.
En plus des commémoratifs rapportés par le propriétaire, il est essentiel de mettre en œuvre un diagnostic différentiel. Les tests diagnostiques dépendront des signes présentés par chaque chien et il convient de noter que les comorbidités sont fréquentes. Lorsque l’ensemble des hypothèses diagnostiques ont été exclues, une présomption de DCC peut être avancée ; si le tableau clinique est compliqué par des affections concomitantes à l’origine de symptômes similaires, il convient cependant de faire appel à la prudence et d’expliquer soigneusement ses doutes au client. Il est toujours conseillé de reconsidérer le diagnostic lorsque l’état d’un chien présentant des signes cliniques évoquant un DCC ne s’améliore pas ou ne se stabilise pas comme prévu, ou lorsque les symptômes se détériorent ou progressent rapidement. De même, le rôle possible d’autres maladies doit être envisagé en présence d’un cas de DCC qui évolue de cette façon. Par exemple, si l’état d’un chien supposé atteint de DCC ne s’améliore pas comme prévu, cela suggère que d’autres facteurs pourraient être en cause et le cas sera alors réévalué, en recherchant la présence de problèmes sous-jacents, tels que des douleurs chroniques, qui pourraient être à l’origine de signes similaires ou contribuer à l’aggravation du CDD.
Introduction au DCC
Le dysfonctionnement cognitif canin (DCC) est une forme de démence qui touche les chiens âgés [1]. Bien qu’il ne puisse pas être guéri, une détection et une intervention précoces permettent de contrôler les signes cliniques et d’améliorer le pronostic [2],[3]. Cette affection est probablement plus fréquente qu’on ne le pense généralement [4] car les propriétaires considèrent souvent que les symptômes relèvent du processus normal de vieillissement du chien, ou pensent qu’ils ne peuvent pas être traités [5] et ne partagent donc pas leurs inquiétudes avec leur vétérinaire [1]. On estime que 22,5 à 68 % des chiens âgés présentent au moins un signe de dysfonctionnement cognitif [1],[3],[6] mais cela ne signifie pas forcément qu’ils sont atteints de DCC car ces signes peuvent être dus à d’autres causes, telles que des douleurs chroniques. Le DCC est donc une maladie importante à connaître pour les vétérinaires, et dont ils doivent discuter de manière proactive avec les propriétaires afin de prendre soin de la santé et du bien-être des chiens âgés (Figure 1). Cet article abordera les principaux signes de DCC, son diagnostic différentiel, ainsi que les options thérapeutiques et les perspectives d’évolution de cette maladie.
Le dysfonctionnement cognitif canin est un diagnostic d’exclusion et aucun test diagnostique de certitude ne peut être pratiqué <i>ante mortem</i>.
Diagnostic différentiel du DCC
Il existe de nombreuses affections qui provoquent des signes similaires à ceux du DCC et, en cas de suspicion de DCC, il est important de toutes les envisager.
Douleurs
Des douleurs chroniques peuvent être à l’origine de nombreux signes ressemblant à ceux du DCC, notamment une altération des interactions sociales, des cycles veille-sommeil et des niveaux d’activité, ainsi que de la malpropreté. Des douleurs d’origine arthrosique expliquent par exemple parfois pourquoi un chien tend à rester seul et interagit moins avec son propriétaire ou les autres animaux de la maison ; c’est la douleur qui le dissuade de se lever ou le ralentit (Figure 3) ; s’il passe plus de temps couché ou qu’il a moins envie d’interagir et de jouer avec les autres chiens de la maison, c’est que cela exacerbe sa douleur. Dans certains cas, cela explique aussi l’apparition soudaine de comportements agressifs entre chiens car celui qui souffre cherche à prévenir la douleur et à dissuader les autres d’interagir avec lui. Les douleurs chroniques peuvent être difficiles à mettre en évidence, surtout si le chien est encore capable de pratiquer certaines activités normalement (à court terme, la motivation immédiate pour aller se promener peut par exemple lui faire oublier la douleur qu’il ressent). Lors de l’examen clinique, ces chiens ne présentent pas toujours de douleurs évidentes, ce qui complique encore le diagnostic. Si une douleur est suspectée, il faut essayer de la confirmer en administrant un traitement antidouleur pendant au moins 4 à 6 semaines. Il est important d’expliquer aux propriétaires que la réponse au traitement sera lente et graduelle ; tenir un journal à propos du comportement du chien est très utile pour objectiver ces changements. La suspicion de douleur pourra aussi être confirmée si une détérioration progressive de l’état du chien est le seul signe observé après l’arrêt du traitement antidouleur.
Modifications de l’ouïe, de la vision et de l’odorat
La perte de l’ouïe, de la vision et de l’odorat peut provoquer des signes analogues à ceux du DISHA [14]. Un chien qui voit moins bien peut par exemple devenir être réticent à faire de l’exercice, rester près de son maître lors des promenades ou sembler désorienté (Figure 4). Un examen clinique approfondi et le recueil des commémoratifs en rapport avec les perceptions sensorielles du chien pourront aider à évaluer la baisse des fonctions sensorielles.
Maladies générales
Les maladies affectant les organes majeurs peuvent également produire des signes cliniques ressemblant à ceux du DCC. Un dysfonctionnement des systèmes cardiovasculaire, respiratoire, rénal ou endocrinien peut par exemple expliquer pourquoi le chien présente un niveau d’activité réduit ; le vétérinaire doit donc veiller à ne pas aborder un chien âgé avec une idée préconçue, d’autant plus qu’il est toujours possible qu’un DCC sous-jacent aggrave le tableau clinique. Des examens diagnostiques appropriés seront réalisés pour confirmer ou infirmer les facteurs pathologiques pouvant expliquer les signes observés.
Déclin cognitif normal
Le déclin cognitif fait partie du processus normal de vieillissement, chez le chien comme chez l’homme. Les questionnaires décrits ci-dessus permettent cependant de distinguer le déclin cognitif du dysfonctionnement cognitif [12]. Certains chiens présentent simplement un déclin cognitif tandis que des signes de dysfonctionnement sont observés chez d’autres, d’où l’importance de proposer de remplir un questionnaire au moins tous les 6 mois, pour aider à repérer les signes de dysfonctionnement.
Le dysfonctionnement cognitif canin évolue progressivement et il est parfois difficile de prévoir la réponse au traitement ou la rapidité d’évolution de l’affection.
Prise en charge et options thérapeutiques
Bien que le DCC ne puisse pas être guéri, une intervention précoce peut contribuer à ralentir sa progression et à améliorer la qualité de vie du chien et de son propriétaire [15],[16]. Les médicaments, les nutraceutiques, le régime alimentaire, les modifications environnementales et comportementales sont autant d’options thérapeutiques. Les études montrent que le plus efficace est d’associer des modifications environnementales avec la distribution d’aliments ou de nutraceutiques adaptés [17]. Le Tableau 2 liste les traitements couramment commercialisés et dont l’efficacité est soutenue par des publications.
Il est également possible d’administrer un traitement symptomatique ciblé sur des signes cliniques spécifiques. Par exemple, si un chien est agité pendant la nuit alors que tous les autres signes de la maladie sont bien contrôlés par les modifications nutritionnelles et environnementales (et que des examens ont été faits pour exclure des comorbidités éventuelles), les mesures suivantes peuvent être envisagées :
- mettre en place une routine le soir pour favoriser le sommeil, en promenant et en nourrissant par exemple le chien le soir et en fermant les rideaux pour l’isoler de la lumière et du bruit,
- administrer un médicament qui favorise directement le sommeil ou qui induit cet effet secondaire bénéfique (comme la chlorphénamine ou la mélatonine).
Dans de tels cas, il est important qu’une bonne communication soit établie entre le vétérinaire et son client, afin de discuter des comportements qui le préoccupent. Comme lors de toute maladie chronique, les propriétaires peuvent trouver la prise en charge frustrante et contraignante, surtout en l’absence de résolution des signes cliniques. Une approche empathique est donc utile. La communication doit également impérativement porter sur les options thérapeutiques : le propriétaire sera informé qu’il est peu probable que les signes cliniques disparaissent complètement, mais que l’objectif est de réduire leur vitesse d’évolution et de contrôler les symptômes au fur et à mesure. Il est également nécessaire de discuter des risques et les avantages potentiels de chaque option thérapeutique, en particulier en fonction des problèmes de santé concomitants qui peuvent être présents chez les chiens âgés.
Tableau 2. Thérapies classiquement prescrites lors de DCC
Catégorie thérapeutique | Objectif du traitement et effets attendus | |
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Médicament | Sélégiline | Diminution avérée des signes cliniques observés ; apprentissage et mémoire améliorés ; [15], [18] |
Propentofylline | Amélioration de la réactivité mentale, du niveau d’activité et du comportement ; effet positif sur certains signes de DCC mais des publications mettent en doute son efficacité réelle [19] | |
Alimentation (antioxydants, cofacteurs d’enzymes mitochondriales) | Ralentissement du déclin cognitif ; réduction de la vitesse de détérioration des apprentissages ; contrôle des signes cliniques de DCC [2], [20] | |
Nutraceuticals | SAMe | Amélioration des signes de DCC ; stimulation de l’activité et de la conscience [21] |
Suppléments d’antioxydants | Amélioration des signes de DCC ; contrôle de certains signes cliniques rapportés, notamment la désorientation, les interactions sociales et la malpropreté [9], [22] | |
Modification environnementales (nouveaux jouets, exercice) | Réduction démontrée du déclin cognitif et de la vitesse de progression des signes cliniques [2], [23] | |
Modifications comportementales (jeux, entraînement, exercice) | Ralentissement du déclin cognitif et de la vitesse de progression des signes cliniques [2] | |
Phéromones | Réduction des signes d’anxiété observés [8] |
Considérations pratiques
Compte tenu de la prévalence présumée de la maladie, les vétérinaires généralistes sont susceptibles de voir fréquemment des cas de DCC, et le grand nombre d’options thérapeutiques peut d’abord sembler décourageant. Il est cependant important de se rappeler qu’une polythérapie est nécessaire pour optimiser ses bénéfices pour chaque chien. Il est recommandé d’adopter une approche individualisée, en adaptant le traitement au(x) problème(s) signalé(s) chez le chien, ainsi qu’aux facteurs plus généraux liés à l’animal (tels que les affections concomitantes) et au propriétaire (son mode de vie, sa disponibilité et sa capacité à faire des exercices). L’objectif principal est d’améliorer la qualité de vie du chien et du client en contrôlant ou en limitant l’expression des symptômes.
En ce qui concerne les coûts du diagnostic et du traitement, la volonté et les souhaits du propriétaire doivent toujours être respectés et pris en compte, mais cela ne signifie pas que l’on ne peut pas encourager un changement de comportement de sa part. Une approche pragmatique est souvent nécessaire car il n’est pas toujours possible d’effectuer autant de tests diagnostiques que souhaité. Le propriétaire peut aussi juger inutile de traiter certains comportements qu’il ne considère pas comme problématiques, ou en accepter d’autres à condition que son chien jouisse d’une qualité de vie raisonnable. Les cas présentés dans les Encadrés 2 et 3 illustrent certains défis à relever, ainsi que les mesures à prendre ; ils soulignent le fait que l’alliance des compétences cliniques, d’une bonne communication et d’un jugement professionnel peut aboutir à créer un programme sur mesure qui peut être très gratifiant pour le vétérinaire, tout en améliorant significativement la qualité de vie du chien et de son propriétaire.
Encadré 2. 1er exemple de cas clinique.
En raison d’une altération des apprentissages et des troubles cognitifs dus au DCC, un chien qui marchait auparavant parfaitement en laisse a commencé à tirer et ne sait plus marcher avec la laisse détendue. Le régime alimentaire du chien a été modifié et son environnement enrichi, mais le propriétaire refuse de lui réapprendre à marcher en laisse car l’arthrose dont souffre le chien implique de ne plus faire de longues promenades. Le propriétaire accepte que le chien tire pour faire une promenade de 10 minutes dans le village, et il prend plaisir à disposer des objets odorants dans le jardin pour stimuler le chien à les chercher.
Le vétérinaire a ici plusieurs rôles à jouer.
- Évaluer le risque lié au comportement problématique : une approche différente pourrait être nécessaire si le chien appartenait à une race géante et risquait de blesser son propriétaire âgé en tirant sur la laisse.
- Évaluer l’état de santé du chien : le fait de tirer sur la laisse est-il susceptible d’aggraver les signes liés à une affection concomitante telle que l’arthrose (comme c’est le cas ici) ? Chez les chiens âgés de format moyen ou grand, la paralysie laryngée, l’arthrose cervicale et des membres antérieurs, ou une atteinte des disques intervertébraux sont des affections qui peuvent également être envisagées.
- Informer le propriétaire à propos des options disponibles : il peut s’agir de changements simples (passer par exemple d’un collier à un harnais en cas de problèmes cervical) ou de techniques de modification du comportement plus complexes (une promenade ou un exercice amusant en laisse dans le jardin pourrait par exemple se substituer à certains jeux olfactifs).
- Défendre éventuellement les intérêts du chien : le propriétaire peut par exemple ne pas être préoccupé par le fait que son chien tire, mais le vétérinaire peut remarquer des signes potentiels de douleur à l’examen clinique, comme une réticence lors de l’évaluation de l’amplitude des mouvements du cou. La douleur pourra être confirmée en salle d’examen si le chien hésite à ramasser une friandise sur le sol alors qu’il accepte avec empressement de prendre la friandise offerte à la main par le vétérinaire. Le propriétaire n’aura peut-être pas remarqué la différence. Il est alors important de bien lui faire comprendre que le fait de tirer sur la laisse peut exacerber l’inconfort du chien et qu’il serait donc bénéfique d’y remédier. Le programme de modification du comportement le plus approprié sera alors être élaboré conjointement par le client et le vétérinaire.
- Garder une vue d’ensemble des comorbidités multiples et de leurs traitements respectifs ; il existe peu de données publiées à propos de l’utilisation simultanée de nombreux médicaments, nutraceutiques et aliments spéciaux chez un chien présentant des comorbidités. Le vétérinaire devra donc suspecter de possibles interactions avec des produits que le propriétaire est susceptible de donner pour traiter l’arthrose. Comme de nombreux suppléments sont en vente libre, il est essentiel de questionner le propriétaire à ce sujet. Il convient également d’être prudent avec les produits et les aliments qui contiennent les mêmes ingrédients ou des ingrédients à action similaire : un risque de « surcomplémentation » et de surdosage n’est pas à écarter.
- Donner des conseils nutritionnels. Le propriétaire doit savoir que les bénéfices d’un régime alimentaire sont liés à sa distribution exclusive ; mélangé avec d’autres aliments, l’effet sera moins bon. Si l’appétence est un problème, il convient d’adopter une approche pragmatique pour faciliter la transition avec le régime précédent.
Encadré 3. 2e exemple de cas clinique.
Un chien a déjà été diagnostiqué comme souffrant de DCC et d’arthrose, un traitement a été initié pour ces deux affections, mais les propriétaires signalent que le chien est soudainement devenu malpropre. L’approche suivante est ici conseillée.
- Recueillir des informations détaillées à propos de l’état de santé général et du comportement du chien, en explorant les signes évocateurs d’une PUPD ou d’une pollakiurie. Le lieu, la fréquence et les circonstances d’apparition du comportement indésirable, la façon dont les propriétaires nettoient les zones souillées et interagissent avec le chien à ces moments-là doivent aussi être documentés. Des examens cliniques seront ensuite effectués si nécessaire. Dans le cas présent, il n’y a pas d’antécédents de PUPD ou de pollakiurie, un prélèvement d’urine est donc recueilli lors de miction spontanée. La densité urinaire, la bandelette réactive et l’examen du sédiment ne montrent rien d’anormal. Les récents examens sanguins du chien n’ont pas non plus suscité d’inquiétude. La malpropreté est très probablement due au DCC mais une douleur arthrosique ne peut pas être exclue, bien que les antécédents n’aient pas montré de signes d’arthrose. Par mesure de précaution, une analgésie sera mise en place à titre d’essai pendant 4 semaines, tandis que le propriétaire tiendra un journal pour suivre les progrès du chien (à propos de ses douleurs, de la malpropreté et du niveau d’activité).
- Il faut aider à contrôler la malpropreté tout en explorant de manière plus approfondie la présence d’une douleur potentielle. Le nettoyage pourra par exemple être fait en utilisant un nettoyant enzymatique et le chien sera sorti souvent pour qu’il fasse ses besoins ; il sera félicité et récompensé à chaque fois qu’il urine et fait ses besoins dans des endroits adéquats. Des protections seront placées aux endroits appropriés lorsque le chien n’est pas surveillé. Le propriétaire pourra également être conseillé à propos de la façon d’aider le chien à bien se comporter, en ponctuant par exemple sa journée de pauses éliminatoires (par exemple après les repas ou les siestes), en évitant les punitions (qui peuvent encourager le chien à faire ses besoins en l’absence du propriétaire et risquent d’augmenter sa peur ou son anxiété), et en facilitant l’accès au jardin grâce à des revêtements antidérapants placés sur les sols stratifiés ou carrelés sur lesquels le chien doit marcher.
Les signes de DCC devraient être systématiquement évalués chez les chiens âgés [12] et les résultats du questionnaire intégrés au dossier médical de l’animal (Figure 5). Chez un chien présentant des signes de DCC qui sont bien pris en charge, un suivi tous les 3 à 6 mois peut suffire, mais des visites plus fréquentes seront nécessaires si les signes évoluent ou s’ils ne sont pas bien contrôlés. Chez un chien dont les signes persistent ou dont l’état présente une détérioration soudaine, il est important de rechercher des affections concomitantes pouvant s’être développées ou avoir évolué depuis le diagnostic de DCC. Par exemple, si un chien jusqu’ici légèrement désorienté devient soudainement malpropre, il est important de s’assurer que l’arthrose n’affecte pas sa capacité à faire ses besoins à l’extérieur (surtout s’il doit descendre des marches pour sortir, parcourir une distance importante entre le lieu de repos et le jardin ou que le sol est glissant), ou qu’il n’est pas victime d’une maladie rénale, hépatique ou endocrinienne (à l’origine d’une polyurie-polydipsie (PUPD) et éventuellement d’une infection des voies urinaires).
Conclusion
Le DCC est une maladie évolutive dont il peut être difficile de prévoir la réponse au traitement ou la vitesse d’évolution. Le pronostic est plus réservé chez les chiens présentant des comorbidités. Les propriétaires seront encouragés à surveiller les principaux signes de DCC (pas seulement ceux qui les ont inquiétés au départ) et seront informés de tout ce qu’il est possible de faire pour les aider à améliorer la qualité de vie de leur animal. Même s’il est difficile d’anticiper les résultats, une telle approche permet de gérer le cas au mieux ; la réponse est favorable dans de nombreux cas, ce qui satisfait alors toutes les personnes impliquées.
Beverley M. Wilson
BVMedSci, BVM, BVS (Hons), PgC (SAM), GPCert (SAM), MSc, CCAB, MRCVS en comportement animal, Cognition and Welfare Group, Dépt. des sciences de la vie, Université de Lincoln, Royaume-Uni
Royaume-Uni
La Dre Wilson est diplômée de l’Université de Nottingham depuis 2012 et a exercé la médecine générale (dans des cliniques privées et des dispensaires) tout en obtenant un doctorat de troisième cycle en médecine des animaux de compagnie. Elle a ensuite fait une maîtrise en comportement clinique animal à l’Université de Lincoln et elle effectue actuellement une résidence en comportement animal dans le cadre du Collège européen de bien-être animal et de médecine comportementale. Elle est également comportementaliste clinique certifiée pour les chiens.
Daniel S. Mills
BVSc, PhD, CBiol, FRSB, FHEA, CCAB, Dip. ECAWBM(BM), FRCVS en comportement animal, Cognition and Welfare Group, Dépt. des sciences de la vie, Université de Lincoln, Royaume-Uni
Royaume-Uni
Diplômé de l’université de Bristol depuis 1990, le professeur Mills a travaillé plusieurs années dans un dispensaire britannique où il était chargé de mettre en place des consultations de comportement. Il a ensuite exercé en clientèle privée mixte avant de s’orienter vers le monde universitaire. Au Royaume-Uni, il fut le premier spécialiste en médecine vétérinaire comportementale reconnu par le Royal College of Veterinary Surgeons (RCVS) et par l’EBVS European Veterinary Specialist. En reconnaissance de sa contribution dans ce domaine, il a reçu le RCVS Fellowship en 2016.
Références
- Azkona G, Garca-Belenguer S, Chacn G, et al. Prevalence and risk factors of behavioural changes associated with age-related cognitive impairment in geriatric dogs. J. Small Anim. Pract. 2009;50(2):87-91: DOI: 10.1111/j.1748-5827.2008.00718.x
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