Infections auriculaires : ce que le propriétaire doit savoir

Ecrit par Alberto Martín Cordero


L’otite externe peut être frustrante tant pour le propriétaire que pour le clinicien, car le traitement nécessite beaucoup d’efforts, souvent pendant une longue période. Cet article détaille les informations minimales à fournir au propriétaire du chien ou du chat lorsque le problème est identifié pour la première fois.

5 - 15 min
deux portions (verticale et horizontale) du conduit auditif

Introduction

L’otite externe est une affection fréquente chez le chien et le chat, avec une incidence de 10 à 20 % chez le chien et de 2 à 6 % chez le chat [1],[2],[3]. Les facteurs prédisposants, primaires, secondaires et perpétuants doivent être identifiés dans la mesure du possible pour contrôler efficacement la maladie. Les facteurs prédisposants incluent les anomalies anatomiques comme les sténoses du conduit auditif, l’hypertrichose auriculaire, l’humidité excessive (chez certaines races aux oreilles tombantes ou chez les chiens qui se baignent par exemple) et les traitements inadaptés. Les allergies cutanées constituent le facteur primaire le plus fréquent, les corps étrangers, les troubles hypersécrétoires (séborrhée primaire, hypothyroïdie ou hyperactivité des glandes cérumineuses), les tumeurs et les parasites sont également en cause [4]. Les facteurs secondaires incluent les infections bactériennes et fongiques. Les principaux facteurs perpétuants sont l’existence d’une otite moyenne et de modifications pathologiques du conduit auditif secondaires à l’inflammation chronique (sténose, fibrose et calcification des tissus, notamment). De bonnes techniques d’examen, de prélèvement et de nettoyage auriculaire sont essentielles pour un traitement, un diagnostic et une prise en charge efficaces des otites externes. La cause primaire doit être identifiée et traitée, et tous les facteurs secondaires éliminés. Les facteurs perpétuants doivent également être contrôlés pour limiter les récidives.

Examen auriculaire 

L’examen auriculaire
Lexamen auriculaire commence par un examen attentif des pavillons.
Alberto Martn Cordero
deux portions (verticale et horizontale) du conduit auditif sont ensuite examinées à l’aide d’un otoscope de qualité
Les deux portions (verticale et horizontale) du conduit auditif sont ensuite examines laide dun otoscope de qualit. Le bon positionnement de lotoscope est important pour limiter la douleur lie lexamen, en particulier chez les chiens prsentant une inflammation auriculaire.

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Prélèvement auriculaire pour cytologie

facteurs secondaires sont recherchés via un examen cytologique
Les facteurs secondaires sont recherchs via un examen cytologique. Bactries (cocci, bacilles), levures (Malassezia spp.) 5 et cellules inflammatoires sont observes au microscope aprs coloration du prlvement.

Alberto Martn Cordero
écouvillon stérile introduit à la jonction des parties verticale et horizontale du conduit
Les prlvements peuvent tre raliss laide dun couvillon strile introduit la jonction des parties verticale et horizontale du conduit.

Alberto Martn Cordero

Nettoyage auriculaire 

Dans la majorité des cas, le nettoyage auriculaire superficiel ne nécessite aucune anesthésie ou tranquillisation, et il faut apprendre aux propriétaires comment bien le réaliser. Dans la plupart des cas d’otite externe, la migration épithéliale – mécanisme d’autonettoyage du conduit auditif – est altérée, entraînant une accumulation de cérumen [6],[7].

ear examination
a
vertical and horizontal canals
b

Le nettoyant auriculaire doit être instillé dans le conduit auditif (a) puis la base de l’oreille doit être massée de l’extérieur (b). Le cérumen peut être retiré de la partie externe de l’oreille à l’aide d’un coton-tige, mais il faut éviter son usage excessif à l’intérieur du conduit auditif. Le nettoyage aide à réduire la quantité de cérumen et facilite la pénétration des traitements topiques. Il permet également de réduire le biofilm bactérien et fongique, ce qui contribue à éliminer les agents infectieux. 

Alberto Martín Cordero

 

Secondary factors can be evaluated by cytology
a
vertical and horizontal ear canals
b

Vue otoscopique du conduit auditif externe avant (a) et après (b) nettoyage. Il est important de réduire ou d’éliminer le cérumen et les exsudats inflammatoires lors de la consultation pour permettre un examen complet. Les structures de l’oreille, telles que la paroi du conduit auditif externe et l’intégrité du tympan, peuvent ainsi être évaluées. L’objectif principal est de trouver le bon équilibre entre élimination du cérumen et respect de l’écosystème auriculaire. Notons que l’utilisation excessive de nettoyants risque de léser l’épithélium du conduit auditif, ce qui se traduit, à l’examen cytologique, par l’observation de débris cérumineux blancs et de cellules inflammatoires sans microorganismes.  

Alberto Martín Cordero

 

Alberto Martín Cordero


Dr Vétérinaire, Spécialiste en Dermatologie VETDERM, Guadalajara, Mexique

Mexique


Alberto Cordero est dermatologue et fondateur de « Vetderm », une clinique de référence à Guadalajara, au Mexique. Après avoir obtenu son diplôme de vétérinaire à l’université de Guadalajara, il a travaillé à l’Animal Dermatology Clinic en Californie (États-Unis) et à l’université Ludwig Maximilian de Munich (Allemagne). Il a obtenu un diplôme en dermatologie à l’European School for Advanced Veterinary Studies (ESAVS) de l’université du Luxembourg. Membre de l’Académie américaine de dermatologie vétérinaire, il fait également partie du comité de programmation du Forum nord-américain de dermatologie vétérinaire (NAVDF) et est membre fondateur de la Société latino-américaine de dermatologie vétérinaire (SLDV). Le Dr Cordero donne des conférences lors de nombreux congrès au Mexique, en Amérique centrale, en Amérique du Sud et en Europe.

Références
  1. Baba E, Fukata T, Saito M. Incidence of otitis externa in dogs and cats in Japan. Vet. Rec. 1981;108:393-395.
  2. Griffin CE, Song M. Otitis workshop. In: Kwochka K, Willemse T, von Tscharner C (eds). Advances in Veterinary Dermatology, vol. 3. Boston: Butterworth-Heinemann 1996;369-375.
  3. Rosychuk RA, Luttgen P. Diseases of the ear. In: Ettinger SJ, Feldman EC (eds.) Textbook of Veterinary Internal Medicine: Diseases of the Dog and Cat. 5th ed. Philadelphia: WB Saunders 2000;1185-1235.
  4. Saridomichelakis MN, Farmaki R, Leonidas LS, et al. Aetiology of canine otitis externa: a retrospective study of 100 cases. Vet. Dermatol. 2007;18:341-347.
  5. Campbell JJ, Coyner KS, Rankin SC, et al. Evaluation of fungal flora in normal and diseased canine ears. Vet. Dermatol. 2010;21(6);619-625.
  6. Tabacca NE, Cole LK, Hillier A, et al. Epithelial migration on the canine tympanic membrane. Vet. Dermatol. 2011;22(6);502-510.
  7. Nuttall T, Cole LK. Ear cleaning: the UK and US perspective. Vet. Dermatol. 2004;15(2):127-136.

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