Comment aborder… Un animal hypertendu

Ecrit par Doroteia Bota

Mesurer régulièrement la pression artérielle des chiens et des chats n’est plus une option facultative, mais un outil diagnostique essentiel dans une clinique pour animaux de compagnie.

Article

5 - 15 min
Chat en décubitus sur une table d’examen pendant la mesure de la pression artérielle.

Points clés

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L’hypertension artérielle peut gravement affecter la qualité de vie d’un animal.

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Les animaux hypertendus peuvent ne présenter aucun signe clinique mais l’hypertension chronique peut provoquer des lésions sur les organes cibles : rein, cerveau, œil ou système cardiovasculaire.

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Le traitement de l’hypertension vise à réduire le risque de lésions des organes cibles. 

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L’espèce et les maladies sous-jacentes influencent le choix du médicament antihypertenseur.

Introduction

L’hypertension artérielle (HTA) est définie comme une augmentation persistante de la pression artérielle systémique (PA). Les valeurs normales chez les chiens et les chats varient selon les études publiées car les mesures sont influencées par différents facteurs, tels que l’âge, la race, le tempérament ou la technique utilisée. La prévalence réelle de l’HTA canine et féline est donc inconnue bien qu’une étude récente ait montré que les chats de plus de 9 ans sont plus susceptibles de développer une HTA (1), surtout s’ils présentent une maladie rénale chronique (MRC). La mesure de la pression artérielle (PA) devrait donc être intégrée à tous les bilans gériatriques félins. L’effet de l’âge sur la PA des chiens est moins évident. La PA ne parait pas influencée par la race chez les chats mais des différences sont en revanche observées chez les chiens : la PA des lévriers peut, par exemple, être supérieure de 10 à 20 mmHg par rapport à celle des autres races (2). Il est difficile de savoir si le sexe influence la PA : certaines études ne montrent aucune association mais d’autres observent une différence (inférieure à 10 mmHg) entre les chiens stérilisés (mâles ou femelles) et entiers (2). Chez les chats, qui sont le plus souvent stérilisés, la différence n’est pas évidente et lorsqu’elle existe, elle est mineure (2). Cet article présente brièvement l’HTA canine et féline, en mettant l’accent sur le diagnostic et le traitement. Toutes les valeurs figurant dans cet article concernent la pression artérielle systémique.

Types d’hypertension

Il existe trois catégories d’HTA.

1. L’hypertension circonstancielle (effet « blouse blanche ») résulte de l’excitation et de la nervosité liées à la visite chez le vétérinaire. Pour y remédier, il est, par exemple, possible de mesurer la PA hors de la clinique. Il est important de savoir repérer ce type d’hypertension pour éviter de traiter les animaux inutilement. 

2. L’hypertension secondaire est la situation la plus fréquente et, comme son nom l’indique, elle est la conséquence d’une maladie ou d’un traitement. Comme l’hypertension peut parfois persister même quand l’affection primaire est traitée, il est recommandé de continuer à surveiller la PA. Les principales causes d’HTA secondaire sont listées ci-dessous :

a) Maladie rénale : il s’agit de la cause la plus fréquente d’HTA canine et féline. De 20 à 65 % des chats atteints de MRC présentent une HTA alors que le stade IRIS ne reflète pas la gravité ou la prévalence de l’HTA (3). L’un des facteurs qui influence à la fois le stade de la MRC et la PA des animaux est la protéinurie ; les chiens atteints d’une maladie glomérulaire ou de leishmaniose présentent souvent une HTA (3) et dans cette espèce, l’HTA peut également favoriser l’apparition d’une protéinurie.

b) Hyperthyroïdie : la prévalence de l’HTA chez les chats hyperthyroïdiens varie mais elle pourrait être présente dans 25 % des cas, même si l’hypertension sévère est rare (4). Environ 20 % des chats développent une HTA malgré le traitement, d’où l’importance de mesurer la PA lors des visites de suivi (5).

c) Syndrome de Cushing (d’origine hypophysaire ou surrénalienne) : 59 à 86 % des chiens atteints du syndrome de Cushing sont hypertendus et la prévalence de l’HTA est plus élevée chez les animaux présentant une tumeur surrénalienne unilatérale (6). Chez ces animaux, l’élévation de la PA est souvent très importante, et elle doit donc être mesurée chez tous les chiens présentant une thrombocytose, une protéinurie ou une hypokaliémie. Lors de thrombocytose, la sensibilité vis-à-vis de l’HTA est de 61 % et la spécificité de 100 % (7). L’hypertension peut persister ou se développer chez les chats et les chiens malgré le traitement (6,7).

d) Hyperaldostéronisme primaire : plus de 90 % des chats atteints de cette affection présentent une HTA qui disparaît avec l’ablation de la tumeur (3,6). Ce type de tumeur est rare chez les chiens.

e) Phéochromocytome : environ 50 % des animaux atteints de ce type de tumeur surrénalienne (peu fréquente chez le chien et rare chez le chat) présentent une HTA persistante ou épisodique (6).

f) Diabète sucré : 35 à 46 % des chiens diabétiques sont hypertendus mais la PAS ne dépasse généralement pas 160 mmHg (3). Chez les chats diabétiques, la prévalence de l’HTA est plus faible.

g) Obésité : bien qu’il s’agisse d’une cause connue d’HTA chez l’Homme, la présence d’HTA chez les chiens obèses est généralement consécutive à une maladie concomitante (2). Chez le chat, aucun lien n’a été établi entre l’obésité et la prévalence de l’HTA (2).

Chez les chiens et les chats, les maladies cardiaques n’entraînent pas d’HTA comme c’est le cas chez l’Homme, mais les chiens et les chats hypertendus peuvent développer des signes de pathologie cardiovasculaire telles qu’une hypertrophie ventriculaire gauche, une dilatation aortique ou un dysfonctionnement diastolique. Une dilatation de l’atrium gauche et une insuffisance cardiaque congestive sont également observées chez les chats (3). L’HTA peut enfin être un effet secondaire de certains médicaments (Tableau 1) (2). 

 

Tableau 1. Médicaments associés à l’hypertension secondaire chez les chiens et les chats (2).

Médicaments Espèces
Glucocorticoïdes Chien
Minéralocorticoides Chien
Érythropoïétine/Darbépoétine   Chien, chat
Phénylpropanolamine Chien
Tocéranib phosphate Chien
Pseudoéphédrine Chien

 

3. L’hypertension idiopathique se définit par une augmentation durable de la PA alors que les analyses de sang et d’urine sont normales et ce type d’HTA pourrait concerner jusqu’à 20 % des chats hypertendus (3). Il est important de savoir que l’HTA peut entraîner une polyurie et, si elle est présente, cette « diurèse de pression » peut être à l’origine d’un diagnostic erroné de maladie rénale. Une MRC sera, par exemple, suspectée d’être une cause sous-jacente de l’HTA si la valeur de la densité urinaire (DU) est inférieure à 1,030 mais si la DU est normale (> 1,030), la MRC devient improbable. Dans ce cas, il est recommandé de pratiquer d’autres examens en vue d’exclure d’autres causes potentielles d’HTA (2) : la mesure de la SDMA et du ratio protéines/créatinine urinaires (RPCU), l’échographie rénale, le dosage de la T4 totale (chez le chat) et du cortisol basal (chez le chien). 

Mesure de la pression artérielle

Pour éviter les erreurs, il est primordial que la mesure de la PA soit réalisée par une personne expérimentée. Deux points sont extrêmement importants : savoir mettre l’animal à l’aise dans l’environnement et être habitué à utiliser l’appareil de mesure. Dans la plupart des cliniques, la mesure de la PA se fait indirectement, soit par échographie Doppler, soit par oscillométrie. La méthode Doppler est relativement facile à utiliser, ne nécessite pas une grande expertise, elle est abordable et facilement accessible aux cliniciens. Les valeurs obtenues sont généralement considérées comme reflétant la pression artérielle systolique (PAS). L’oscillométrie donne plus d’informations (pression artérielle systolique, diastolique et moyenne) mais elle peut être moins précise chez les animaux de très petite taille et chez ceux qui présentent une arythmie cardiaque, une tachycardie ou une bradycardie importantes, une vasoconstriction ou une hypothermie. 

Dans les deux méthodes, il faut placer un brassard sur un membre ou sur la queue ; la largeur du brassard doit correspondre à 30-40 % de la circonférence de la queue ou du membre sur lequel le brassard est placé. Ce diamètre peut être mesuré avec un mètre ruban (Figure 1) ou estimé avec le brassard lui-même (Figure 2). Si l’on utilise la méthode Doppler, la sonde sera placée distalement par rapport au brassard, sur la face caudale du membre antérieur, en ayant si possible coupé les poils et appliqué du gel sur la zone. L’utilisation d’un stéthoscope facilite la procédure.

Image montrant la mesure de la circonférence du membre antérieur d’un chien.
Figure 1. Mesure de la circonférence du membre où la PA doit être mesurée. © Doroteia Bota
Brassard placé sur le membre antérieur d’un chien afin de vérifier la taille appropriée.
Figure 2. La largeur du brassard doit correspondre à 30 à 40 % de la circonférence du membre choisi pour mesurer la PA. © Doroteia Bota

Il est recommandé de respecter les précautions suivantes pour fiabiliser la mesure de la PA (2).

  • Étalonner l’appareil deux fois par an, en suivant les instructions du fabricant.
  • Faire la mesure dans un environnement calme, isolé et à l’écart des autres animaux, de préférence en présence du propriétaire. L’animal ne doit pas être sédaté et doit disposer de 5 à 10 minutes pour s’acclimater.
  • Positionner l’animal en décubitus latéral ou sternal (Figure 3), le brassard étant placé sur l’un de ses membres ou sur sa queue.
  • Choisir soigneusement la largeur du brassard ; un brassard trop petit donnera des valeurs faussement élevées tandis qu’un brassard trop grand donnera des résultats faussement bas. Une flèche est généralement présente sur le brassard à côté du mot « artère » ; elle doit pointer vers le vaisseau qui sert à mesurer la PA.
  • Standardiser la procédure : la mesure de la PA doit toujours être réalisée par la même personne.
  • Commencer les mesures quand l’animal est calme et immobile, en ignorant la première mesure. Cinq à sept mesures consécutives donnant des valeurs cohérentes seront prises en compte et le résultat final sera obtenu en faisant la moyenne. Si la valeur de la PA diminue à chaque fois, continuer à la mesurer jusqu’à obtenir des résultats cohérents.
  • Noter le site de mesure de la PA (queue ou membre choisi), le numéro du brassard utilisé et la valeur de la PA obtenue chez l’animal.
Chat en décubitus sur une table d’examen pendant la mesure de la pression artérielle.
Figure 3. Le chat reste calmement en décubitus sternal pendant la mesure de la PA. © Shutterstock

Signes cliniques d’hypertension artérielle 

Un animal présentant une HTA peut sembler en bonne santé ou exprimer les signes cliniques d’une maladie sous-jacente. Une HTA chronique peut aussi provoquer des lésions des organes cibles (LOC : yeux, cerveau, reins et cœur) et altérer leur fonctionnement (Figure 4). Le risque de développement de LOC est modéré chez les animaux dont la PA est supérieure à 160 mmHg mais il est élevé si la PA dépasse 180 mmHg. Le traitement de l’HTA vise surtout à limiter ou prévenir le risque de LOC (Tableau 2).

 

Tableau 2. Organes cibles et principaux signes cliniques chez les animaux souffrant d’hypertension. (2)

Organes cibles Observations cliniques Examens diagnostiques complémentaires
Reins Azotémie, protéinurie U/C/P, SDMA, RPCU
Yeux Décollement de rétine
Hémorragie intra-oculaire 
Tortuosité des vaisseaux sanguins rétiniens 
Examen ophtalmique
Cœur et vaisseaux sanguins Hypertrophie VG
ICC ; souffle cardiaque ou bruit de galop
Auscultation cardiaque, ECG, échocardiographie
Cerveau Convulsions, dépression Examen neurologique, IRM
U : urée ; C : créatinine ; P : phosphore ; SDMA : diméthylarginine symétrique ; RPCU : ratio protéines/créatinine urinaires ; VG : ventricule gauche ; ICC : insuffisance cardiaque congestive ; ECG : électrocardiogramme ; IRM : imagerie par résonnance magnétique.

 

L’ISFM recommande de mesurer la PA une fois par an chez les chats âgés de 3 à 6 ans car l’HTA est rare dans cette tranche d’âge (8). La PA sera mesurée au moins une fois par an chez les chats en bonne santé âgés de 7 à 10 ans et tous les 6 mois chez les chats gériatriques (> 11 ans). Chez les chats présentant des facteurs de risque connus (comme la MRC, par exemple), la PA sera mesurée tous les 3 à 6 mois. Il est également conseillé de mesurer la PA de tous les chiens ayant dépassé l’âge de 9 ans (2). 

Image d’un décollement de rétine chez un chat.
Figure 4. Lésion d’un organe cible : décollement de la rétine chez un chat présentant une hypertension artérielle. © Dr Diogo Magno, AniCura Restelo

Diagnostic de l’hypertension artérielle

Une fois la valeur finale de la PA obtenue en suivant les étapes énumérées ci-dessus, le risque de LOC sera évalué pour savoir s’il est nécessaire de traiter et quel est le degré d’urgence à le faire. Les animaux peuvent être ainsi classés :

  • PA < 140 mmHg ; tension normale (risque minime de LOC) 
  • PA = 140-159 mmHg ; pré-hypertension (faible risque de LOC) 
  • PA = 160-179 mmHg ; hypertension (risque modéré de LOC) 
  • PA ≥ 180 mmHg ; hypertension sévère (risque élevé de LOC) 

Si la PA est supérieure à 160 mmHg, il est essentiel de rechercher immédiatement des signes de LOC. S’ils sont présents, le traitement sera initié et la PA réévaluée après 7 à 10 jours. Si la PA reste supérieure à 160 mmHg ou si des LOC sont présentes, le traitement sera continué. En revanche, si la PA est passée sous le seuil de 160 mmHg et qu’il n’y a pas de LOC, la PA sera alors régulièrement contrôlée (tous les mois au début, puis tous les 3 mois si la PA reste dans l’intervalle de référence). Lorsque la valeur reste inférieure à 160 mmHg, un contrôle tous les 6 à 12 mois est suffisant, sauf s’il existe une raison clinique de le faire plus tôt.

Traitement de l’hypertension artérielle

Comme mentionné précédemment, la plupart des animaux hypertendus présentent une maladie sous-jacente et les deux traitements doivent être faits en parallèle. Dans certains cas, traiter la maladie primaire peut entraîner une résolution au moins partielle de l’HTA. Il est souhaitable de faire baisser progressivement et graduellement la PA mais plusieurs médicaments antihypertenseurs peuvent être nécessaires, en particulier chez les chiens. L’objectif est de maintenir la PA en dessous de 160 mmHg, même si l’idéal consiste à passer sous le seuil de 140 mmHg pour limiter le risque de LOC. Si la PA devient inférieure à 120 mmHg, le traitement sera ajusté pour éviter le risque de fatigue ou de syncope. L’intérêt de limiter ou non le sodium dans l’alimentation fait l’objet de débats : il existe peu de preuves de l’efficacité de cette mesure pour réduire la PA (2).

Traitement de l’hypertension canine

Les antihypertenseurs seront choisis en fonction de la situation clinique ; un animal présentant un phéochromocytome sera, par exemple, traité de préférence avec des alpha- et des bêta-bloquants (2). Les antihypertenseurs les plus fréquemment utilisés sont cependant les inhibiteurs du système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA) et les inhibiteurs des canaux calciques (ICC) (2). Les inhibiteurs du SRAA seront choisis en priorité chez les chiens (en raison de leur effet antiprotéinurique) et les plus importants sont : les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA), les antagonistes des récepteurs à l’angiotensine II (ARA) et les antagonistes de l’aldostérone (AA). Les IECA sont généralement utilisés en première intention mais les ARA (par exemple, telmisartan) sont aussi efficaces. Lorsque la PA est supérieure à 200 mmHg, il faut associer un ICC (par exemple, amlodipine) à l’inhibiteur du SRAA. Si l’HTA persiste et que l’animal reçoit déjà de fortes doses d’inhibiteurs du SRAA et d’ICC, un autre antihypertenseur sera alors utilisé (Tableau 3). 

 

Tableau 3. Médicaments anti-hypertenseurs chez les chiens (CN) et les chats (CT) (d’après 2).

Type d’antihypertenseur Posologie
Alpha-bloquants
Prazosine (PO) CN : 0,5-2 mg/kg q8-12h 
CT : 0,25-0,5 mg/chat q24h
Phénoxybenzamine (PO) CN : 0,25 mg/kg q8-12 or 0,5 mg/kg q24h
CT : 2,5 mg/chat q8-12h or 0,5 mg/chat q24h
Acépromazine CN/CT : 0,5-2 mg/kg q8h
Vasodilateur
Hydralazine (PO) CN : 0.5-2 mg/kg q12h
CT : 2,5 mg/chat q12-24h
Antagoniste de l’aldostérone (AA)
Spironolactone (PO) CN/CT : 1-2 mg/kg q12h
Bêta-bloquants
Propranolol (PO) CN : 0,2-1 mg/kg q8h 
CT : 2,5-5 mg/chat q8h
Aténolol (PO) CN : 0,25-1 mg/kg q12h 
CT : 6,25-12,5 mg/chat q12h
Diurétiques
Hydrochlorothiazide (PO) CN/CT : 2-4 mg/kg q12-24h
Furosémide (PO) CN/CT : 1-4 mg/kg q8-24h
Inhibiteur des canaux calciques (ICC)
Amlodipine (PO) CN : 0,1‐0,25 mg/kg q24h
CT : 0,625-1,25 mg/chat q24h
Antagoniste des récepteurs à l’angiotensine (ARA)
Telmisartan (PO) CN/CT : 1 mg/kg/q24h
Inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA)
Bénazépril (PO) CN : 0,5 mg/kg q12‐24h
CT : 0,5 mg/kg q12h
Énalapril (PO) CN : 0,5 mg/kg q12‐24h
CT : 0,5 mg/kg q24h
Agoniste du récepteur D1 à la dopamine 
Fénoldopam (PDC)*  CN : 0,8 μg/kg/min 
CT : 0,5 μg/kg/min 
*Perfusion à débit constant

 

Traitement de l’hypertension féline

Les ICC sont les médicaments à utiliser en priorité chez les chats : ils peuvent permettre de faire baisser la PA de 28 à 55 mmHg chez les animaux hypertendus (2). Avec l’amlodipine, la dose initiale sera de 0,625 mg/chat/jour si la PA est inférieure à 200 mmHg et de 1,25 mg/chat/jour si elle est supérieure à ce seuil (2). Il est rarement nécessaire d’augmenter la dose et il est préférable de confirmer l’efficacité du traitement avant de le faire.

Le telmisartan peut être utilisé pour contrôler la protéinurie chez les chats atteints de MRC (9) et il est également efficace pour traiter l’HTA féline (pour des valeurs de 160-200 mmHg), à la dose de 2 mg/kg/jour (10). L’association d’un ICC et d’un ARA a été étudiée dans un petit groupe de chats et a été bien tolérée (9). Ces antihypertenseurs ne doivent pas être utilisés chez les animaux déshydratés car leur débit de filtration glomérulaire peut chuter rapidement. Enfin, contrairement aux chiens, les IECA ne sont pas indiqués en première intention chez les chats car ils sont peu efficaces pour faire baisser significativement la PA. Ils peuvent cependant être utilisés en complément, lorsque les ICC ne suffisent pas à contrôler l’hypertension (Tableau 3). Les AA peuvent ne pas être suffisants pour gérer l’HTA chez les chats présentant un hyperaldostéronisme primaire (quand la chirurgie n’est pas envisageable) et les ICC présentent alors un intérêt. 

Traitement en urgence

En cas d’hypertension sévère avec LOC aiguë, il est nécessaire d’initier un traitement agressif visant à réduire progressivement la PA. Le fénoldopam est un agent antihypertenseur humain apparemment sans danger pour les chiens et les chats ; cet agoniste des récepteurs D1 de la dopamine provoque une dilatation de l’artère rénale et l’excrétion du sodium (2). Le labétalol, l’hydralazine et le nitroprussiate sont d’autres médicaments administrables par voie parentérale mais aucun ne provoque de vasodilatation rénale. En cas d’hypertension sévère sans LOC, un traitement oral peut être instauré et l’hydralazine est recommandée pour les chiens et les chats (2) ; mais l’amlodipine peut également être utilisée chez les chats en première intention (Tableau 3). 

Surveillance des animaux hypertendus

Une fois l’hypertension diagnostiquée, il est indispensable de la contrôler. Plus la PA est élevée, plus la réévaluation doit être rapide et les animaux présentant des LOC doivent toujours être réévalués dans les 48 heures suivant le début du traitement antihypertenseur. Outre la mesure de la PA, il convient de surveiller l’affection primaire si elle a été diagnostiquée ; cela signifie, par exemple, qu’il faut doser la créatininémie, calculer le RPCU, et évaluer le fonctionnement des organes cibles afin de savoir s’ils ont été lésés. Dans la plupart des cas, l’HTA n’est pas une urgence médicale et il est possible d’attendre un peu avant de décider si le traitement antihypertenseur doit être modifié. L’état d’un animal présentant une MRC doit cependant être réévalué 5 à 10 jours après toute modification du traitement.

20 à 65 % des chats atteints de maladie rénale chronique présentent une hypertension artérielle mais le stade IRIS ne reflète pas la gravité ou la prévalence de l’hypertension.

Doroteia Bota

Conclusion

L’hypertension artérielle est fréquente chez le chien et très fréquente chez le chat, en particulier chez les animaux très âgés, mais aussi chez ceux qui présentent une maladie sous-jacente. Il est important d’identifier les animaux à risque de développer une hypertension artérielle afin d’intervenir médicalement avant l’apparition de complications graves et de les réévaluer régulièrement pour suivre l’évolution de leur état. Plusieurs médicaments permettent en principe de ramener la pression artérielle à un niveau normal ou proche de la normale mais, dans la mesure du possible, la cause sous-jacente de l’hypertension doit être identifiée et traitée de manière appropriée.

Références

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  2. Acierno MJ, Brown S, Coleman AE, et al. ACVIM consensus statement: Guidelines for the identification, evaluation, and management of systemic hypertension in dogs and cats. J. Vet. Intern. Med. 2018;32:1803-1822.
  3. Challoub S, Palma D. Systemic Hypertension. In: Cotê E, Ettinger SJ, Feldman EC, Ettinger’s Textbook of Veterinary Internal Medicine. 9th ed. Philadelphia: Elsevier Inc. 2024;1422-1433.
  4. Syme HM. Cardiovascular and renal manifestations of hyperthyroidism. Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract. 2007;37:723-743.
  5. Jepson RE. Diagnosis, management and monitoring of hypertension in the cat. Available at: www.easethepressure.co.uk Accessed Nov 5th 2024.
  6. Reusch CE, Schellenberg S, Wenger M. Endocrine hypertension in small animals. Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract. 2010;40:335-352.
  7. San José PG, Bermejo CA, Moral IC, et al. Prevalence and risk factors associated with hypertension in dogs with spontaneous hyperadrenocorticism. J. Vet. Intern. Med. 2020;34:1788-1778.
  8. Taylor SS, Sparkes AH, Scansen BA. ISFM Consensus Guidelines on the Diagnosis and Management of Hypertension in Cats. J. Feline Med. Surg. 2017;19(3):288-303.
  9. Sent U, Gossl R, Elliott J, et al. Comparison of efficacy of long-term oral treatment with telmisartan and benazepril in cats with chronic kidney disease. J. Vet. Intern. Med. 2015;29:1479-1487.
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Doroteia Bota

Doroteia Bota

DMV, Dip. ECVIM-CA, Hôpital vétérinaire AniCura Restelo, Lisbonne, Portugal

La Dre Bota est diplômée de l’Université de Lisbonne depuis 2007, où elle a effectué son internat. Elle a ensuite été résidente en médecine interne au Centre hospitalier vétérinaire de Frégis (Gentilly) jusqu’en 2012. Elle est diplômée du Collège européen de médecine interne vétérinaire (ECVIM-Ca) depuis 2018 et membre de l’European Board of Veterinary Specialisation (EBVS). Elle exerce actuellement dans un centre hospitalier vétérinaire de Lisbonne.

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